Résumé : |
Reflexions sur des faits lies aux violences naturelles, sociales et economiques dans le Nord Cameroun et nombreux renseignements recueillis lors d'enquetes de terrain, confrontes a des temoignages ecrits d'archives ; l'exploitation du recensement general de la population et de l'habitat, de 1976, apporte des references recentes et precieuses sur la geographie des populations du Nord Cameroun.. Depuis plus de deux decennies, les transformations dans le Nord Cameroun : construction d'infrastructure routiere pour desenclaver le bassin tchadien, diffusion de moyens materiels de developpement... ne se sont pas generalisees a la totalite de l'espace a l'exception de quelques oasis. Par ailleurs, la diversite des milieux naturels offre de multiples alternatives aux activites humaines : groupement dense d'agriculteurs sur les amoncellements rocheux, prairies alluviales, domaines saisonniers des eleveurs, fleuves et lac Tchad favorables aux activites piscicoles. Cependant, le vecu des habitants du Nord Cameroun est, depuis un lointain passe, ponctue par une serie de crise dont les deux dernieres les ont faits passer de difficultes alimentaires (crise climatique de 1983-1985) a la grave crise economique actuelle. La derniere crise de secheresse, differente, (saturation des milieux par une population croissante) a vu le passage progressif de crises de type conjoncturel a des crises de type structurel. En effet, l'administration coloniale et celle de l'Etat independant ont multiplie leurs interventions dans le domaine sanitaire, agricole (SODECOTON : 1 220 hect. en 1975, 7 450 hect. en 1985). Par ailleurs, les paysanneries ont su developper des strategies de diversification de production. Un ensemble d'actions permettant la survie des populations et leur developpement demographique (Province de l'Extreme Nord : 1 396 124 hab. en 1976, 1 880 866 en 1987, Province du Nord : 478 866 hab. en 1976, 833 102 en 1987) expliquent le maintien d'une grande partie des populations a un tres bas niveau de vie. L'accumulation des violences, du milieu naturel (secheresse, famine et disette, epidemies), des problemes sociaux (esclavages, conquete coloniale, conflits religieux et sociaux) et des violences de nature economique, a ete et demeure dramatique pour certains. Elle n'a pourtant pas abouti a une desagregation des societes rurales comme le montre l'evolution moderee de l'exode rural dans cette region (REGARDS-CNRS). |